L'amicale communiste pour le non...

Un tract trainait sur le goudron, j'ai fait l'erreur (enfin, non...) de le ramasser et de le lire. Son nom ? "A GAUCHE POUR LE NON" et est édité par le Parti Communiste Français. Il mériterait une grande analyse, je ne jetterais que quelques mots.

1. Le PCF n'est pas républicain.

Extrait du document: "Vous le recevez actuellement ou allez recevoir à votre domicile les documents officiels en vue du référendum du 29 mai. Vous le constatez : le non n'a droit qu'à son seul bulletin de vote ! Les forces de gauche, les syndicats, les associations engagées pour ce vote n'ont pas autorisées à vous faire connaître leur opinion."

Le PCF a raison. En politique, ce sont les partis politiques qui s'expriment devant et au nom des citoyens. C'est comme ça. On appelle cela la République. C'est dans la constituion française et dans le TéCE. Les lobbies ne peuvent pas s'exprimer par les canaux officiels. Sinon, ce serait la porte ouverte à toutes les fenêtres: l'expression du MEDEF financée par la République, les religieux, les think tanks, la MJC de Bussy ou l'association des cultivateurs de tomates dans des pots rouges.... La règle est la même qu'on soit à droite ou à gauche. C'est un principe de base de la République que le PCF feind d'ignorer. Bien sûr, je ne suis pas naïf: je sais que le rédacteur de cet opuscule sait cela. Mais cela lui permet de:
* jouer avec la thèse du complot (des ouïstes);
* inventer un nouveau mode de démocratie qui n'est pas basée sur la République et le PCF en a besoin au vu de ses scores électoraux.

2. Le PCF révise déjà le référendum.

Extrait: "Le président de la République, qui dirige la campagne pour le oui, le gouvernement, les partis de droite, le patronat, les forces dirigeantes de l'Union européenne ont mobilisés tous les moyens dont ils disposent dans un véritable déluge de propagande".

Que le président, le gouvernement, l'Union européenne actuelle s'engage pour le oui, c'est logique puisque ce sont eux qui présentent le texte. Le PCF n'auraient tout de même pas voulu qu'un président propose l'adoption d'un texte qu'il ne voudrait pas, quand même ?
Que les personnes ou organes cités mobilisent les moyens dont ils disposent, c'est normal, et leurs adversaires font exactement la même chose. On appelle cela une campagne.
Mais le PCF "oublie" que des partis de gauche, des syndicats ouvriers (dont la CES !) appellent à voter oui ! Chirac piloterait la CES.... ou serait de connivence avec le secrétaire de la CGT ? Le ridicule ne tue pas... L'idée est de réduire la gauche à l'expression du non. La gauche plurielle est bien enterrée sous des raccourcis populistes. Ainsi, le non serait de gauche et le non de droite... Où placera-t-on les chouans, et les frontistes ? Ah, ce n'est pas pareil ? Arrêtez de faire des raccourcis honteux alors ! Parce que, dans les 50% du non qu'il pourrait y avoir, il y en a quand même la moitité qui est de droite !

3. Le PCF joue avec les peurs.

Extrait: "Vous avez l'expérience des conséquences des décisions prises par l'Union européenne: aggravation du chômage, de la précarité, de la baisse du "coût du travail", des attaques contre les services publics, des délocalisations."

Je serai curieux de savoir en quoi l'Union est responsable. Par exemple, s'il y a 10% de chômage en France, s'il touche 20% des jeunes, alors qu'ailleurs la situation de l'emploi est meilleure, en quoi l'Union est elle responsable ? Et, si c'est elle la responsable, cela signifie que les élections nationales ne servent strictement à rien ? Curieuse conception. Mais, si cela était, on ne pourrait que souhaiter que le PCF devienne européen et, donc, se saisisse des nouveaux droits législatifs que le TéCE lui donnera.

Extrait: "votre vote non (...) va être le vote de toutes celles et de tous ceux qui veulent qu'on les écoute et qu'on les respecte, sur leur lieu de travail ou dans leur quartier."

En plus d'être super ambigüe (parce que, là, c'est jouer sur le sentiment d'insécurité sociale), cette argument ne me semble pas pertinent:
* je ne vois pas ce qui changera dans le rapport de force entre les patrons et les salariés;
* j'espère que mes voisins n'auraient pas peurs de moi si je votais non;
* quand un idylle ne me plait pas, je ne vote pas pour lui quand c'est le moment !

4. Le PCF n'a pas compris la construction européenne.

Extrait: "Si la France rejette ce traité, l'ouvrage devra être remis sur le métier pour que l'Union européenne soit conçue non plus pour les marchés financiers mais pour les peuples."

Mais, bordel, le marché n'est qu'un outil ! Ce n'est pas un but ! C'est bien pour les peuples, que tout cela est construit ! C'est quand même bien l'Europe qui a sauvegardé l'agriculture française, c'est quand même bien l'Europe qui relève le niveau de vie, l'économie, les infrastructures des peuples détruits par les dictatures (au Portugual, en Espagne, en Grèce, dans les landers de l'Est... et dans les anciens pays satelites de l'URSS) ! Erasmus, c'est encore elle ! Et le but de tout cela n'est pas le marché mais rendre tout conflit armée impossible au sein de l'Union. Le Parlement européen n'est que ce que NOUS en faisons, les chefs de gouvernements sont bien issus de choix démocratiques. Serions nous a priori et si stupides que nous nous tirons dans le pied tous les jours depuis 50 ans ?

5. Le PCF manque d'ambition.

Extrait: "Comment demain donner la priorité à l'emploi, aux salaires, aux services publics alors que cette Constitution interdit toute entrave à la loi de la "concurrence libre et non faussée" ?".

Réponse: en créant des normes communes. Et c'est à cela qu'on pourrait espérer qu'un des héritiers de la Section Française de l'Internationale Ouvrière s'attelle.

Je n'aurai sans doute pas réagi si le PCF n'insultait pas les ouïstes de gauche en les mettant dans le même sac que le MEDEF et la droite. Mais ça m'énerve, que voulez vous...